Echec du placement en AFT

Démarré par lolo, 22 Avril 2009, 21h15mn

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lolo

Bonsoir à tous,

[En accueil familial thérapeutique] Je voulais savoir si certains d'entre vous ont déjà rencontré des situations d'échec de placement ? Et si oui, j'aurais aimé savoir à quoi cela était dû et comment l'équipe qui vous encadre à gérer cet échec?

merci d'avance pour vos témoignages
cordialement

\"la copine d\'Henri\"

Bonjour Lolo,

Accueillante familial thérapeutique, je suis convaincue que dans le cas d'un "echec de placement", comme pour le reste de notre travail, cela se passe selon les équipes. Dans mon cas, il n'existe pas un service AFT à proprement parler. Le choix des personnes à accueillir, le suivi de ces personnes ou l'arrêt d'un accueil reviennent souvent aux équipes soignantes des différents services, même si c'est toujours le médecin qui signe, en bas de la page.
J'ai vécu des échecs de placements, dus à un mauvais choix de la personne à accueillir. Dès le premier jour, nous avons pris conscience de l'inadaptation de cette personne à l'accueil familial. Nous en avons discuté avec l'équipe de soins, nous avons admis notre erreur d'appréciation et ils ont "pressenti" un nouveau candidat à l'accueil.

Avec d'autres équipes, ce dialogue n'est pas toujours possible. Ainsi, nous avons vu un accueil s'arrêter, par décision "unilatérale" des soignants. Pas d'explication, de mise en cause ou d'accompagnement quelconque dans ce cas. Ni pour l'accueillant ni pour la personne accueillie !

Pour résumer, je dirais que pour les échecs, comme pour les réussites ... tout dépend de vos "partenaires" au boulot.

Bon courage à vous
   "La copine d'Henri"

vale

bonjour à tous ,

Je suis sur le post d'échec d'accueil et je suis surprise qu'il n'y ai pas plus de post... l'échec de l'accueil n'arrive t'il pas ? les FA n'ont pas envie dans parler ? cela n'arrive t'il qu'au autres ....???
A moi.... j'ai accueilli pendant 9 mois une jeune femme schizophrène, a son arrivée elle n'était pas du tout autonome: très sale, pas coiffé, s'alimentait très mal, aucune prise de son traitement etc... au bout de quelque mois tout allait bien, elle avait fait de super progrès, adorable, polie, propre, traitement pris etc... adorable :)
et puis du jour au lendemain l'horreur, un calvaire, en quelque heure tout à basculé. Elle a été hospitalisée d'urgence en HP. Un mois et demi plus tard je suis convoquée pour une synthèse, je l'ai revu et la de nouveau l'horreur, je l'ai trouvé dans un état encore pire que ca première arrivée chez moi : le regard vide, sale très sale, elle s'urinait dessus en salle de réunion, habillé comme une vagabonde... et tout cela au bout 1 mois 1/2 de HP .
La maladie quelle quelle soit justifie t'elle qu'on laisse une personne dans un état pareil ??? j'ai demandé si son traitement avait changé ?? non !!! où est l'hygiène dans ces hôpitaux ?? je suis écoeurée , dégoutée, tout ses efforts et les miens anéantis au néant. J'ai du mal a me relever du mal qu'elle a fait a ma famille (mais je ne lui en veux pas) mais en plus le fait de la revoir comme ça a été un deuxième coup de couteau :(
Son papa habite loin, je ne sais pas si il faut que je l'informe de l'état dans lequel j'ai trouvé sa fille, car son papa est un monsieur très gentil, et qui s'inquiète du futur de sa fille.
Des échecs cuisants sont ils arrivés a d'autres AF ?
Comment ont ils fait pour remonter la pente ?
Merci de votre aide ;)

Belén

Bonjour Vale,

La difficulté de ce travail est de ne pas trop "prendre à coeur" les situations qui nous sont confiées. La personne accueillie a eu un parcours avant, elle en aura un autre après. L'accueil thérapeutique n'est qu'un passage. Vous avez contribué à un mieux être chez cette jeune femme, mais pas seulement vous. Il y a aussi des concours de circonstances, l'évolution de la maladie, le hasard... De même, vous n'êtes pas responsable de sa "chute". Tellement de paramètres entrent en jeu...

Pour se prévenir de toute culpabilité, n'oubliez pas que vous avez fait votre travail le mieux possible. Et que vous avez été payée. Vous ne devez rien à quiconque. Cette dame ne vous doit rien. Le destin de cette personne va se jouer probablement ailleurs, autrement, avec d'autres gens... (En disant cela, je comprends bien qu'il est dur de voir une personne dans un tel état, mais ce n'est pas le sens de mon propos)

Cette situation est difficile à vivre. J'espère que l'équipe est là pour vous aider. En tout cas, cela doit vous permettre d'aborder différemment le prochain accueil.

Bonne chance, Mike

PS : Le patient peut décider de faire prévenir sa famille. S'il n'y a pas de responsabilité légale, ce n'est pas une obligation...

vale

merci mike pour votre réponse:)

Je tenais à préciser que cette personne était chez moi ,mais pas en accueil thérapeutique, mais en famille d'accueil , donc elle a eu un parcours avant chez moi ( appartement thérapeutique) elle était après cela sensé être autonome 8-) mais croyez moi cela n'était pas du tout le cas de se que j'ai pu constater au fil des jours. Mais bon j'avais réussi à lui donner beaucoup d'autonomie (même son papa ne la reconnaissait pas !!!) Quand à l'équipe ??? Je n'en parle même pas, car de leur côté, le soutien ??? I-NEX-IS-TANT !!! et je pèse mes mots.
Quand à ma culpabilité et bien j'ai beau me dire que j'ai été payée :( ca passe pas, mais bon j'espère que ça viendra avec le temps, car pour l'instant c'est vrai je suis dégoutée.
Cela fait longtemps que je suis FA mais je me dit que le métier deviens de plus en plus dur et tellement peu, ou pas reconnu.
Heureusement que Famidac est là... merci

Cathy

Bonsoir Vale

Est-ce un échec ? Non, il ne faut pas le voir comme ça. Vous avez donné le maximum, vous avez apporté beaucoup à cette personne, vous avez eu de la satisfaction.
Et voilà tout a basculé, ça arrive à d'autres, si ça peut vous rassurer. A mon sens c'est la maladie, nous accueillant familiaux n'y pouvons rien.
Le gros problème est le manque de soutien et le manque de reconnaissance.
Surtout au diable la culpabilité.

Bon courage et gardez en mémoire le positif, pendant ces 9 mois vous avez fait un travail formidable, vous pouvez encore le faire.

Cordialement

Etienne

Bonsoir Vale,

Je comprends votre déception... mais même en accueil familial, les miracles ne sont pas systématiques !
Il m'est également arrivé d'accueillir un monsieur schizophrène d'une quarantaine d'années qui, pendant ses 9 premiers mois chez nous, a fait d'énormes progrès (propreté, hygiène et rythme de vie...) avant de "replonger" brutalement.

Ses proches ont confirmé "l'histoire de vie" qu'il nous racontait lui-même régulièrement, sant toutefois l'analyser ni en tirer des conséquences : capable du meilleur, il se remettait régulièrement en échec (consciemment ou non) : "aller bien" ne lui convenait que quelques mois. >:D<
Il faisait alors tout le nécessaire (drogues, médicaments + alcool etc.) pour aller mal, pour qu'on le plaigne, pour qu'on le soigne à nouveau... Sa façon à lui de se faire aimer / aider.
Un éternel recommencement.

Dans ce cas, il ne reste plus qu'à se souvenir des bons moments partagés ... et à se dire adieu. 8-)
Dommage, c'est comme ça, tant pis. En tant qu'accueillants, nous devons nous préserver.
Courtoisement, Étienne ;)

Joëlle33

Bonsoir Val,

En psychiatrie, lorsque l'on s'acharne à vouloir faire disparaître à tout prix des symptômes qui ne gênent que nous, on se heurte immanquablement au désir profond du patient qui remet en scène ce qui le faisait tenir en vie... Ne vous culpabilisez-pas, vous avez cru bien faire en voulant "normaliser" quelqu'un qui ne l'était pas, elle s'est coulée quelque temps dans votre moule, elle a essayé de vous faire plaisir le temps qu'elle a pu mais sa réponse se s'est pas faite attendre... et le résultat n'est pas surprenant.
Dans cette affaire, vous auriez dû être épaulée par une équipe qui vous aurait mise en garde à ne pas mettre la barre trop haut. Les vrais avancées ne sont généralement pas très spectaculaires et très lentes à obtenir. Vous pouvez vous féliciter d'une chose, celle d'avoir réussi à nouer avec cette personne une relation suffisamment riche pour qu'elle accepte de s'humaniser quelque temps à votre contact. Mais nous,  les accueillants familiaux, devons abandonner le fantasme inconscient de vouloir guérir l'inguérissable au risque de nous noyer dans nos illusions ; nous ne sommes pas tout puissant et il serait bien présomptueux de croire que nous pourrions réussir là où des soignants ont échoué...
Alors, ne soyez pas triste, ni écoeurée, personne ne pouvait faire mieux.
Bon courage pour la suite...

lolo