Troubles du comportement alimentaire, anorexie, boulimie...

[Shiena]

Bonjour à tous,

Je suis Shiena, 34 ans, maman solo d'une ado de 14 ans qui est passée par des troubles du comportement alimentaire (principalement de l'anorexie restrictive). Aujourd'hui, elle va beaucoup mieux, on a eu un long chemin, pas linéaire du tout, mais elle s'en sort, petit à petit. Et moi avec.

Tout ça m'a beaucoup fait réfléchir. Maintenant que le plus dur est derrière nous, j'ai envie d'être utile autrement. Depuis quelque temps, je me penche sur l'accueil familial, notamment pour des adultes en situation de handicap ou avec des troubles psychiques. J'ai eu une petite expérience en ESAT il y a quelques années, et je sens que ça me tire à nouveau.

Je me demande : est-ce qu'il est courant d'accueillir des personnes avec des troubles du comportement alimentaires ? (anorexie, boulimie, potomanie, hyperphagie, mérycisme...) Ou plus largement des profils "fragiles" côté psy ? Est-ce que certains ici ont vécu ça ? Je sais que c'est un cadre particulier, et je veux m'assurer que c'est cohérent avec mon vécu, sans chercher à "revivre" ce que j'ai traversé avec ma fille.

Je suis en phase de réflexion, pas encore lancée dans une demande d'agrément, mais j'avance doucement. Et j'aimerais vraiment échanger avec des accueillants qui ont eu des parcours similaires, ou juste qui veulent bien partager un bout de leur expérience.

Merci à ceux qui prendront le temps de répondre.

[Etienne]

Bonjour Shiena,

il est relativement courant d'accueillir des personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire - sans toutefois que ce soit le motif principal (et officiel) de leur prise en charge en accueil familial ; ces personnes souffrent également d'autres difficultés liées à leur âge ou à d'autres handicaps.
En 25 années d'exercice, j'ai accueilli, par exemples
- un jeune adulte handicapé schizophrène, sorti d'un long séjour en établissement psychiatrique ... mais également potomane, capable de se lever 10 fois par nuit pour ingurgiter des quantités invraisemblables d'eau, la bouche "vissée" au robinet de la salle de bain,  ou d'ingurgiter, au retour de ses courses, 6 litres de lait en une heure ! Nous devions donc limiter ses achats personnels. Au cours des cinq années qu'il a passées chez nous, tout s'est bien passé mais nous n'avons pas réussi à le sevrer de ces manies. Ses psychoses et hallucinations s'étant par contre relativement bien calmées / stabilisées, il est retourné vivre chez sa mère.
- un cinquantenaire qui depuis deux décennies alternait vie à domicile / moyens séjours dans différentes cliniques pour cause de profonde dépression ... mais qui était par ailleurs boulimique. Il partageait tous nos repas et nous accompagnait lors de nos courses, pour ses achats personnels : son chariot (pour lui seul) était plus chargé que le notre (pour 5 personnes) ! Au cours des sept années qu'il a passées chez nous, après avoir rapidement perdu du poids - stabilisé aux alentours de 100kg, grâce aux nombreuses activités que nous partagions quotidiennement avec lui - le moral revenu, il est reparti pour une vie autonome... et bien trop passive. Il nous envoyait chaque année des cartes postales pour donner de ses (bonnes) nouvelles, jusqu'au jour où nous avons appris son décès : crise cardiaque. Il n'avait que 60 ans mais pesait plus de 150kg...

Si à ce jour je n'ai jamais vu passer de demande d'accueil familial uniquement pour cause de "troubles du comportement alimentaire", il me semble que ces pathologies doivent, pour être prises en charge en AF, être assorties de la reconnaissance d'un handicap plus "standard"...

Cordialement, Étienne