La cohérence des hôpitaux psychiatriques

Démarré par Sema, 21 Novembre 2017, 13h51mn

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Sema

Bonjour,

Je constate ceci : pour des raisons "politico-économiques" , des hôpitaux psy ont tendance à faire sortir leurs malades, sans trop se soucier de la suite.
Notre chère société fait bien passer le message : "faire des économies", " les caisses sont vides" !  Elle n'hésite pas à faire intervenir des "nettoyeurs"  qui font bien leur boulot ! Pour ne pas citer cet hôpital, je suis atterrée de voir le professionnalisme de certain(e)s infirmier(ère)s, médecins psychiatres, à mettre dehors leurs résidents malades, sans égard, avec un manque de bienveillance, et un manque de communication avec d'autres professionnels.
Généralement, ces malades sont sous mesure de protection, leurs représentants légaux se retrouvent alors devant le fait accompli : trouver un lieu de vie, construire les dossiers de financement, et ce, dans l'urgence !
Les Assistantes Sociales du service hospitalier  essaient aussi de trouver des lieux d'accueil, comme l'accueil familial ! Elles présentent très souvent la situation de manière positive, et  insistent sur l'urgence. Donc, si possible : "pour demain" !  Hélas, encore aujourd'hui, ces professionnelles connaissent  peu l'accueil familial avec ses conditions, ses réglementations, comme se soucier du financement de l'accueil. Nous sommes alors confrontés à expliquer (euh souvent!) de l'assurance que, d'une part, l'orientation de cette personne vers un accueil familial SOCIAL, d'autre part, le paiement de l'accueil familial, sans oublier les documents nécessaires de part et d'autre. Sachant que ces malades sont quand même hospitalisés depuis quelques années, avec souvent un traitement assez "puissant". Mais y a ka ! faut trouver la solution pour "caser" ces malades!
Pour certains, l'hôpital estime qu'ils peuvent être logés dans un appartement, thérapeutique ou pas ! De par leur maladie, et avec leurs incapacités à gérer leur quotidien, ces personnes se retrouvent dans des situations catastrophiques !  Financières, relationnelles, mais aussi commettent des délits, plus ou moins graves.
Et là, la société?  Euh  pas là ! Mais  il revient au département  d'assumer et de payer !!  allocations diverses et variées, aides, etc.....
Comme ça, la Sécurité Sociale fait des économies au détriment de la personne qui a encore besoin de soins, de suivi psy important.
Ne soyons pas étonnés de voir ces personnes dans la rue ! A errer, à faire du "n'importe quoi", puisqu'elles ne sont pas reconnues "assez malades" pour une prise en charge en adéquation, mais censées être responsables de leur vie, censées avoir du discernement dans leurs prises de décision, dans leurs responsabilités !
Solidarité, fraternité, égalité ! Ah oui ? Pas vraiment ! Je dirais bien hypocrisie, aveuglement de part et d'autre!
Le problème actuel en France reste toujours le même : pas de juste milieu ! Nous allons toujours vers l'excès, ce qui engendre aujourd'hui un recul dans notre politique sociale et médico-sociale. Oui, nous pouvons faire des économies, mais avec de la cohérence, entre tous les partenaires sociaux, médicaux, et non au détriment des personnes vulnérables, malades.
Comme on dit : "il faut voir pour y croire".
Mesdames et Messieurs les gouvernants de notre société, je vous invite à aller plus souvent sur le terrain pour voir.
N'hésitez pas à passer quelques semaines chez un accueillant familial et vous verrez......... ou pas !

Je me suis lâchée..... un peu
Sema

Servaye

Très content de lire ce message de  sema qui me rassure de constater que je ne suis pas seul à constater tout cela .
AFT depuis 2000,je n'ai eu l'occasion de rencontrer  que des collègeues béats, en dehors des réalités de tous les jours nous concernant(paie, lois non respectées par nos employeurs,conditions de travail, exigences... Pour les patients,il ne faut  plus etre  surpris de rien .
Malgré tout au vu de tout cela, je n'ai aucun espoir quant à la pérennité de ce travail

Sema

Bonjour,

Les cohérences ou les INCOHERENCES des hôpitaux psychiatriques !

En raison d'une volonté politique de faire des économies, le constat est bien là ! De plus en plus de patients psychiatriques DOIVENT SORTIR de leur établissement de soin, avec comme argument : "-  ils sont stabilisés et n'ont plus rien à faire ici ! Ils sont même "gentils" .....Alors il faut bien trouver une solution et de nouveaux lieux de vie pour ces personnes !
Et comme ces lieux de vie sont peut nombreux, voir inexistant... pourquoi pas l'accueil familial SOCIAL ?!  Et l'accueillant se retrouve dans des situations inadmissibles !
En 1ère loge : Ces patients-psy qui ne comprennent pas ou n'acceptent pas cette orientation en accueil familial, ne vont pas se gêner à mettre en échec des projets, certes plus ou moins préparés en amont. Leurs comportements, jusqu'à la violence physique, prouvent qu'ils ne sont pas si stabilisés que cela... premier constat ! Et nous voilà placé en 1ère loge bis !
Nous subissons des actes divers et variés, et à chaque fois, surpris voir choqués. La réaction première est :" - Ah ces professionnels ! Ils ont encore omis de nous donner les éléments et informations nécessaires, afin de connaître au mieux l'accueilli(e) !"
J'entends bien "le secret médical" ! Oui mais, transmettre certaines informations à des professionnels est prévu par les textes de loi !  Et nous sommes bien des professionnels du médico-social. Ce qui en découle c'est la mise en danger d'une FAMILLE d'accueil ! Je refuse cela bien sûr ! Mon projet d'accueillir des personnes est avant tout : aider, accompagner ......, avec toutes les qualités et la sécurité nécessaire.

Puis ces professionnels de la santé, se donnant bonne conscience, assurent le suivi de ces patients, 3 semaines en général à notre domicile, à raison d'une visite par semaine. Ensuite, le relais est assuré par le CMP, (Centre Médico-Psychologique)  du nouveau lieu de vie de la personne. Et là, c'est encore un nouveau parcours du combattant car cela sera possible seulement en fonction des places, de leur organisation, et surtout du budget restreint dont il dispose.  Ah encore la politique économique ! Le CMP accueillera éventuellement ces patients 1 ou 2 fois /semaine, en activité de soin et/ou hôpital de jour, suivant les termes utilisés de part et d'autre. Nous, on doit s'adapter... et on s'adapte ! C'est une des qualités premières, je dirais,  de l'accueillant ! Mais j'ai déjà entendu dire : " - il est chez vous... maintenant c'est son lieu de vie", Oui mais un suivi médical régulier me paraît indispensable après des temps d' hospitalisation relativement longs, et au vu des pathologies que présentent ces personnes. Et j'insiste sur un nécessaire partenariat et qu'il soit bien présent, si l'on souhaite une pérennité dans cette orientation Accueil Familial. Dans le cas contraire, si je suis seule ..... j'arrête ! En général, il y a réactivité !

Tout ce petit discours pour alerter nos Ministères concernés de ce "n'importe quoi" dans la prise en charge de ces personnes, reconnues malades. Et je ne fait qu' aborder le sujet de l'orientation en accueil familial. Il y a le sujet : des SDF, ces malades sans traitement, livrés à eux-mêmes. Ou encore en appartement, et c'est catastrophique ! Et ça coûte cher à la société !
Je suis plutôt révoltée ! Y en a marre de cette hypocrisie ! A faire du blablabla devant les caméras ! Se montrer exceptionnellement dans les services des hôpitaux, et j'en passe ! Et ne rien faire !
L'Egalité des soins pour tous.... elle est où ? Des lieux de vie prévus et adaptés...pour quand ?
Et vous Mesdames et Messieurs les Ministres ? Vous êtes bien soignés, vous allez vieillir, comme tout le monde !  Mais vous n'avez sûrement pas d'inquiétude à avoir puisque vous en avez et aurez les moyens. Egalité ? Non injustice !

Je vais continuer ma journée : aider l'Autre, un sacré métier ! Un vrai !

Bonne réflexion
Sema

pervenche

Bonjour,
Je viens vers vous pour faire remonter une information dans le cadre d'un accueil d'une personne placé par le service de tutelle : c'est un jeune de 24 ans schizophrène qui a agressé la 1ère fois un accueilli et un éducateur dans un esat et renvoyé pour cette faute là, puis placé dans une famille d'accueil dont il a agressé la dame et resté un mois, puis le service nous a demandé de l'accueillir malgré l'agression car il ne savait pas où le placer, nous l'avons pris ; il n'est resté chez nous que deux mois car à mon tour je me suis fait aussi agresser.
Les services de tutelles ont dit à mon mari qu'il aurait fallu appeler les pompiers cela s'est passé vers 18h il a eu une lubie, mais nous sommes en colère car cette personne n'avait pas de suivi psychiatrique, aucun s'est préoccupé de sa situation ... les pompiers son intervenu le lendemain et emmené à l'hôpital en urgence accompagné des gendarmes ; il a été pris en charge rapidement nous avions très peu d'élément à fournir car on ne savait pratiquement pas son vécu.
Que pensez vous de ces situations difficiles ? De plus le service des tutelles n'a même pas de numéro d'urgence il faut que l'on se débrouille par nos propres moyens. Je tiens à dire que c'est facile de dire que les accueillants sont maltraitants alors que le contraire se produit le plus souvent.
J'espère que le message sera remonté : en tant qu'accueillants nous sommes là pour aider des personnes et non nous faire insulter par des infirmières d'hôpitaux qui nous disent que nous avons choisi ce métier !
Merci de prendre en compte mon courrier qui exprime l'incompétence des services de tutelle et des services psychiatriques.
Pervenche

Sema

Bonjour Pervenche

Vous évoquez un sujet qui interpelle forcément nos collègues qui accueillent des personnes reconnues malades, comme votre accueilli.

Effectivement, je dirais que le 1er problème est le manque d'informations de la part des professionnels de la santé. Néanmoins, ils ne savent pas tout. Ces personnes malades psychiques disent ce qu'ils ont envie de dire, de montrer !  Ces malades peuvent être dans la manipulation, la séduction... même face à leurs psychiatres. Il ne faut jamais les "sous-estimer". Ces personnes ont la capacité de vous "embarquer" dans leur "monde".
Et sachez que nous ne pouvons pas voir si une personne est schizophrène ou parano ou... lorsque nous la rencontrons dans la rue, dans les hôpitaux.

Vous dites : "et non nous faire insulter par des infirmières d'hôpitaux qui nous disent que nous avons choisi ce métier !"
J'aimerais insiter sur ce point : c'est à vous de montrer votre professionnalisme face à ce genre de propos. Le choix de votre métier, certes, mais cela ne veut pas dire : j'accepte tout, y compris la mise en danger d'une famille. Remettez-les à leur place avec des arguments percutants.

Le 2ème problème : le service des tutelles. C'est qui  ? un organisme, un mandataire préposé à l'hôpital ? Une de leur mission est effectivement de chercher un lieu de vie pour leurs majeurs protégés. Hélas, les mandataires n'ont pas forcément les informations concernant leur santé avec une prise en charge, comme les traitements par exemple.. En même temps, ils peuvent concerter l'hôpital pour un bilan et ils pourront ainsi en savoir plus.
Oui Pervenche, nous ne pouvons pas joindre ces mandataires le weekend, car ils ne travaillent pas ! Et pas d'astreinte non plus. Par contre, rien ne vous empêche de les appeler et de laisser un message vocal.  Vous pouvez aussi envoyer un mail qu'ils prendront connaissance dès le lundi matin. Je dirais que c'est une obligation de notre part, de les informer, même si les services psy ne le font pas toujours !

Oui Pervenche, cela vous revient d'appeler les services de secours dans des situations graves comme celles-ci. Restez calme, concise, professionnelle,
et attendez-vous à des appels de l'hôpital pour connaître les éléments précis lors de la crise de votre accueilli.

Apparemment, vous étiez au courant de certains éléments avant son arrivée à votre domicile. Et c'est déjà pas mal ! Ce qui n'est pas normal, c'est qu'il n'a aucun suivi psy. C'est un argument de taille à présenter aux infirmières, un peu olé olé quand même !

Maintenant, il vous revient de faire ce choix : continuer l'accueil ou rompre le contrat pour "cas de force majeure". Il a été violent, à ne pas oublier ! Et puis, vous pouvez porter plainte à la gendarmerie, même si nous savons que le Procureur de la Républque ne donnera pas suite, en raison de l'état de santé psychique de cette personne. C'est un rappel à l'ordre, malade ou pas, la loi concerne tout le monde. Ces personnes malades ont la capacité d'entendre (pas toujours!) mais de comprendre. Ils sont peut-être dans leur "monde" mais ils sont très intelligents.

Vous dites : "J'espère que le message sera remonté". C'est à vous de faire remonter les incohérences, voire les incompétences de certains professionnels. Utilisez votre savoir faire ! A vous de montrer votre professionnalisme en tant qu'Accueillante, et de leur rappeler leurs missions. Chacun ses responsabilités, et ne vous laissez pas impressionner par des discours, qui ne tiennent pas la route !

Courage Pervenche !
Sema

pervenche

Re bonjour,
Merci de votre réponse, ce jeune a 24 ans est c'est un médecin généraliste qui le suivait depuis son enfance mais n'a pas fait le nécessaire pour le faire hospitaliser alors qu'il savait sa pathologie. je sais très peu de son vécu (parents alcooliques) et élevé par sa grand mère jusqu'à son décès en 2005. J'ai fait très attention à lui de pas le brusquer le rendre zen mais on ne fait pas toujours des miracles. Le service de tutelles savait très peu de chose sur sa vie, en même temps je ne peus pas les juger de leur manque d'information et d'inattention, mais ils auraient dû être plus attentif à sa pathologie d'autant plus qu'il a travaillé un temps en esat où s'est  produit l'agression, je crois que le tuteur nous avait dit qu'il avait été aux urgences pour l'acte qu'il a commis mais est ressorti car il n'y avait pas lieu de l'hospitaliser vu que la crise était passé.

Je ne porterai pas plainte car je sais que nous famille d'accueil on ne peut pas être protégés comme eux, qui sont sous la protection des services des tutelles.
Je suis consciente que ce jeune n'a pas eu une vie facile et cela m'a fait mal au cœur  je lui pardonne de cet instant de folie.
Je l'avoue j'ai eu très peur et si j'avais pas gardé mon sang froid, lui parler calmement il aurait peut être été plus violent, me poignarder aussi, il a eu un temps de réflexion qui m'a paru longue, d'autant plus que mon mari se trouvait à l'extérieur dans son champs de patates a préparer l'arrosage et j'avais mes petits enfants qui regardaient la télé heureusement qu'ils ne sont pas intervenu cela l'aurait excité encore plus et me faire plus de mal.

Il y a vraiment des incohérences dans le milieu hospitalier, ils ne prennent pas au sérieux les pathologies des personnes malades schizophrènes et mettent en danger des familles d'accueils où autres.
J'espère que nous aurons une reconnaissance de notre métier et notre professionnalisme car l'infirmière qui m'a prise de haut pour ainsi dire je ne lui ai pas mâché les mots en disant que nous sommes là pour accueillir des personnes dans le besoin  en retrouvant une vie meilleure que ceux qu'ils ont eu d'avant.

J'ai été assistante familiale pour les jeunes enfants de l'ASE mais c'est tout autre car il y a des services que l'on peut joindre à tout moment quand il y a un problème et c'est différent nous avons un suivi aussi par un éducateur qui viennent à notre domicile et des rendez vous pour discuter de l'enfant, des réunions entre assistante familiales et les intervenants. j'ai dû arrêter pour cause d'accident cardiaque sinon j'accueillerai toujours des enfants problématique et avec un handicap. j'aimais mon travail comme celui ci aussi, bien sure il y a des contraintes présence 24h sur 24 mais on s'habitue  à ce mode de vie. Nous continuerons dans ce métier car nous avons deux accueillis qui nous cause aucun problème. Nous attendons que le tuteur nous envoie la lettre de rupture du contrat et qu'ils viennent récupérer les affaires personnelles de ce jeune.

Merci encore
Que Dieu Bénisse toute les familles d'accueils et les accueillis.
Cordialement