Problématique du handicap psychique

Démarré par frédo, 23 Mai 2009, 16h57mn

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frédo

bonjour,
je suis handicapé psychique qui semble être stabilisé (on ne sait jamais vraiment !)
je vous confie mon expérience personnelle, après avoir maintes fois essayé de travailler, j'ai eu d'énormes difficultés de rentabilité ou tout simplement de fatigue...
Je crois que le fait d'avoir un appartement, a été une difficulté pour moi à assumer dans le passé quand j'essayais de travailler, mais aujourd'hui cela va mieux même si je ne suis pas une fée du logis... Cela est juste une présentation sommaire.....
Trop souvent, on cantonne l'handicapé psychique dans des structures parallèles médico-sociales, que ce soit pour le travail ou encore les loisirs, sans vraiment offrir d'alternatives vers d'"autres horizons".
Et puis, il faut le dire, le cat pour le travail est une situation précaire au moins disant social en matière notament de cotisation de sécurité sociale et de retraite....
Moi je suis allé dans un cat, ce que j'ai pu constater, c'est que ce genre de structures pensent plus à fonctionner plutôt que de chercher de véritables solutions d'insertion professionnelle, il vous garde quelques années et il vous demande de partir, soit dans des formations bidons ou dans des boulots d'un à plusieurs mois... La véritable difficulté, et ce n'est pas moi qui le dit, les handicapés psychiques reconnus par la cotorep, ont des difficultés à tenir une rentabilité normale.... Et dans la réalité, j'ai rencontré des gens, qui comme moi, mais pas forcément pour les mêmes raisons, avaient de véritables difficultés à s'adapter à  des conditions normales professionnelles. A cela, on peut ajouter que "la grande structure nationale d'emploi" (pour éviter la diffamtion !) passe son temps à saquer les handicapés psychiques en leur proposant des ces ou encore de retourner dans une structure cat, sans pour autant leur proposer une candidature pour un poste qui permettrait d'évaluer leurs capacités... A cela vous pouvez ajouter un fort courant de stigmatisation de l'handicapé qui peut se ressentir dans son entourage même....Prendre des médicaments, n'est pas quelque chose d'anodin, avec des tranquillisants vous pouvez mettre en échec un régiment complet aguérri... Bref j'en ai pas mal dit et je pourrai vous en dire encore plus sur ces fameux modules d'un conseil général d'insertion, se limitant à un seul premier emploi, histoire de perdre l'aah ! mais j'en ai assez dit !

sophie86

bonjour Fredo:)

merci de témoigner sur ce sujet. Ce n'est pas si souvent que des personnes souffrant de handicap psychique s'expriment spontanément ici. C'est en tout cas intéressant pour tout le monde de recueillir vos impressions, vos difficultés.
Ce que vous écrivez sur l'absence d'horizons, de perspectives intéressantes au niveau professionnel et même loisirs est un constat que je fais aussi dans le cadre de la prise en charge de personnes.
J'accueille chez moi une personne souffrant de "handicap psychique", reconnue comme telle, avec traitement médicamenteux lourd. Elle ne peut travailler; alors je mise tout sur la vie associative. Loin de moi l'idée de la cantonner à des lieux d'accueil pour "personnes handicapées"; elle évolue à son rythme (au rythme de ses angoisses) au sein d'activités locales où gravitent toutes sortes de personnes complètement "ordinaires".  Les bienfaits sont visibles. Elle s'inscrit dans la vie locale, s'investissant à sa mesure. Ce n'est pas l'institution qui lui fixe des limites. Elles s'imposent d'elles-mêmes au fur et à mesure, dans le relationnel (avec tout l'affectif qui va de paire), dans ses capacités manuelles, de concentration, ses humeurs changeantes. Ce qui compte c'est de "vivre avec" sa maladie et de trouver sa place même si rien n'est idéal.
Mais vous savez, handicapé ou non, je crois que rien n'est idéal pour personne.

bonne journée à vous
sophie

frédo

Bonjour sophie,
j'ai trop souvent rencontrer des personnes (je ne parle pas de vous) qui m'ont tenu des propos peu dans la limite de l'acceptable.... du : "tout le monde travaille", du "tout le monde est fatigué" (propos d'un responsable de cat), du : "on revient de loin" (un responsable socialiste du handicap).... C'est avec de tels propos que l'on passe à côté de la réalité des handicapés psychiques.... En bout de chaîne, pour les moins fortunés, moins aidés, c'est la rue, la prison.... Sachant que ces personnes ne peuvent pas se défendre comme les autres, elles subissent de plein fouet la situation....
Face à un système organisé par l'état de discrimination, de sous-emploi, de stigmatisation de l'handicapé adulte fainéant, on ne peut rester de marbre, et on ne peut tenir des propos généralistes "bateaux".... J'ai tellement rencontré de "yalatolah", d'"extrêmiste sur la pensée du handicap". Un climat ambiant d'imbécilité du "bon sens commun". Excusez moi d'être un peu dur mais il fallait le dire !

sophie86

bonjour Fredo:)

le constat que vous faites de cette société discriminatoire, d'autres le font pour d'autres critères: prenez les discriminations racistes!

Evidemment ça amène la colère. Le système fonctionne mal. Certaines catégories sont plus privilégiées que d'autres. Nous ne sommes pas tous égaux dans cette société-là.
Mais on ne refera pas le monde comme ça.

Vous faites bien de dénoncer; c'est primordial.
A mon humble niveau et dans le rôle qu'est le mien (accompagner des adultes en situation de handicap), j'essaie de trouver des voies concrètes, d'ouvrir des portes. Je ne vous parle pas en théorie ou en "généralités"; je suis sur le terrain.

Vous avez peut-être raison quand vous parlez d'"un climat ambiant d'imbécilité du bon sens commun"; je pense néanmoins que si des tas de choses sont encore à améliorer dans les faits et dans les consciences, on a la chance d'être dans un pays qui a développé des politiques sociales (à vitesse variable c'est clair!).
Je crois bien qu'il existe bien des endroits sur cette planète où la personne handicapée est encore moins bien lottie.

bonne journée à vous ;)
sophie

cat

Bonjour Frédo,

Dans un monde juste, chaque personne serait respectée dans ce qu'elle est, avec son handicap, sa maladie, son grand âge...; Mais voilà, nous ne sommes pas dans un monde juste, ni parfait ! Pour ce qui est de trouver un emploi à sa mesure, ne vous y trompez pas, ce n'est pas le handicap qui est le problème premier, c'est la façon dont est gérée la situation. Car avec ou sans handicap, celui qui veut s'en sortir finit par y arriver, à force d'efforts et de volonté, mais celui qui n'a pas cette tenacité, au lieu d'être soutenu, est laissé sur le côté. Alors, bien évidemment, avec un handicap, c'est encore plus dur.
Sachez aussi qu'il n'est pas facile pour l'entourage de comprendre le handicap psychique. Surtout si les médecin eux-même s'en lavent les mains ! J'ai dans mon entourage plusieurs personnes atteintes de handicap psychique, et la seule réponse que le médecin ait donné à mes questionnements sur le comment d'une bonne prise en charge est la suivante: " Désangagez-vous, barrez-vous, laissez les se débrouiller tout seul et advienne que pourra !" Inutile de vous dire que cette réponse ne m'a pas convaincue, et je n'ai pas laché. Mais je vous avoue que certains jours sont décourageants ! On a en effet parfois envie de jeter l'éponge, de se barrer et de s'en laver les mains ! Mais l'amour est le plus fort et on s'accroche. On se débrouille, on s'émerveille des améliorations, on se remotive dans les difficultés, et parfois on craque, histoire de lacher la pression avant de repartir à l'assaut. Il est vrai aussi que prendre en charge un membre de sa propre famille est encore plus complexe puisque les sentiments entrent en jeux et ne se privent pas pour tout compliquer.
En ce qui vous concerne, vous avez eu le courage de vous exprimer sur ce forum, ce qui est génial, à mon avis. Vous dites également que vous avez un traitement adapté qui vous a stabilisé, c'est super. Ne restez pas sur les mauvaises impressions passées, allez de l'avant, accrochez-vous, vous le méritez, comme tout le monde.
Bonne continuation,
Cat
Claribel

fredo

bonjour cat,
je ne veux pas vous paraître défaitiste, mais tout au long de ces années et notemment en cat, j'ai dû m'arrêter car j'étais fatigué, exténué au bout de trois mois de présence environ....
je vous rappelle une vérité : 78 % des gens sortant de cat, ne retrouve pas un emploi stable au bout de trois à cinq ans...
de plus en milieu ordinaire ou j'étais opérateur de saisie, j'ai fait une décompensation malgès le traitement...
En 21 ans, j'ai essayé 26 postes, certes du précaire mais aussi des échecs d'essais....
je ne peux pas travailler en milieu ordinaire malheureusement.... mais les conditions en établisement esat ne sont pas tolérables économiquement.... C'est comme ci, je vous disais que vous travaillez à plein temps et que vous allez toucher comme retraite au niveau du minimum vieillesse, voir moins....
De plus les esat proposés sont limités dans le temps, et c'est bien là le problème... Les esat y trouvent leur compte, avec du personnel précaire, on donne le minimum...

Etienne

Bonsoir fredo,
Votre avenir professionnel ne relève pas directement de nos compétences, même s'il nous arrive de nous en préoccuper pour certaines des personnes que nous accueillons, lorsque celui-ci fait partie de leurs projets.  
Au fait : et l'accueil familial dans tout ça ?
Je vous rappelle que c'est le thème de ce forum... et que nous sommes sensés supprimer les messages "hors sujet"
Curieusement, Étienne

fredo

bonjour étienne,
je ne suis qu'un exemple de multiples cas....
et puis ils disent tous ça, "cela ne nous concerne pas", y compris les politiques qui s'en lavent les mains....
les handicapés sont certes des personnes comme les autres mais "moins" que les autres....
ne pas s'interesser à l'avenir de son prochain est bien triste ! Je ne parle pas forcément de moi... Le politique saucissonne les sujets pour ne  les traiter lorsqu'ils ressentent une forte pression.... Mais il ne faudra pas vous plaindre si des handicapés psychiques meurent dans la rue (je ne parle pas de moi), et puis l'accueil familial ne serre à rien si il faut "mendier" des aides pour les handicapés, le scandale c'est : "cela ne nous concerne pas !", j'ai répondu à certains propos et c'est tout...

Montfort

En général nous les handicapés on est mal vus par la société/

moi aussi je prends des tranquillisants depuis 8 ans et souvent je m'aperçois que ceux qui ont connaissance de mon handicap font exprès d'en rajouter au niveau des quolibets au travail ou encore des nuisances de voisinage (coups de bottes avec grossieretés répétées). En fait les autres sont très très hypocrites et profitent de toute situation en faisant les intéressants avec tout ce qu'ils croyent savoir.
Y a plein de "cons" dans ce monde et à mon avis cette catégorie n'est pas prête de disparaître.

En fait, il faut s'accrocher à se stabiliser, à avoir une vie comme tout le monde et à rester autonome. Voilà c'est un handicap et pas de honte à avoir

Juzan

Bonjour frédo,
Je réalise un mémoire sur l'insertion professionnelle en milieu ordinaire des personnes en situation d'handicap psychique. Accepteriez-vous de répondre à mes questions ? D'avance merci :)

Pauline

Bonjour à tous,
Je sais que ce post date d'un petit moment, mais je réalise actuellement un mémoire professionnel sur l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap psychique.
Je voulais savoir si des personnes voulaient témoigner de leurs expériences professionnelle et répondre à mes questions?
En vous remerciant,
Pauline

Domi18

Bonjour Pauline,

Notre activité d'accueillant familial n'est pas précisément en rapport avec l'insertion professionnelle de personnes porteuses d'un handicape psychique.
Elle porte, surtout, sur le maintien et le développement social, sur l'aide quotidienne aux gestes de la vie, instaurer ou développer les aptitudes à vivre dans un milieu familial.
Peut-être devriez vous vous orienter vers des associations de personnes handicapées en recherche d'emploi.
Courtoisement,