L'angoisse de fin de vie

Démarré par Claude, 21 Juin 2005, 08h40mn

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Claude

Depuis 5 mois, ma belle-mère a des angoisses vraiement fortes. Elle est agressive, attente à sa vie, crie pour qu'on la sorte de là (en l'occurence, d'abord sa maison, puis la maison de retraite), nous enjoint à partir vite, car 'ils' vont venir la prendre.... (96 ans, presque aveugle, presque sourde, presque muette, totalement dépendante...)
Il nous est très difficile de la cataloguer 'démente', comme le fait allègrement (à notre goût), le psychiatre. C'est peut-être vrai. Mais elle reste une personne, avec la vie en elle, et sa demande énorme d'être heureuse.
Que faire en face d'elle? Comment lui apporter un peu de sérénité?
Une réponse est la médicamentation. Je pense que cela peut effectivement aider un peu. Toutefois, n'y a-t-il pas autre chose?

Est-ce que ma demande est pleine d'illusion? Merci en tout cas pour ce forum sur lequel j'ai pu écrire.

Henri

Bonsoir,

Pour une personne aux capacités très réduites, la communication non-verbale a une grande importance. Le contact physique peut être apaisant, cela signifie qu'un proche est présent.

De plus, je pense qu'il est essentiel de parler à cette dame. Même si ses sens sont amoindris, en lui parlant, vous lui témoignez de son appartenance au monde des vivants ! Vous pouvez aussi verbaliser ce que vous ressentez , en sa présence, bien sûr : vous avez "le droit" de faire part de vos difficultés face à cette situation...

Enfin, puisque cette dame parle de la mort ("ils vont venir"), il est peut-être possible d'évoquer avec elle ce sujet sensible. La pudeur est souvent du côté de ceux "qui restent" alors que, souvent, les vieillards parlent volontiers de leur propre fin... Là encore, il n'y a que la parole qui peut dédramatiser cette chose si naturelle et, surtout, si certaine pour nous tous !!

Bon courage, Henri

Claude

Merci, Henri. Je vois que c'est à une heure tardive à laquelle vous m'avez répondu. A cause de la Fête de la Musique, des journées longues du printemps ou de la masse de travail ? Encore Merci.
Si je puis encore abuser ?
Il est vrai que, lorsque nous lui parlons, elle écoute.
Hier, après avoir lu certains articles sur le WEB, mon mari a cherché à lui parler du moment présent, le soleil, la pièce... Quand elle a été recouchée, elle était beaucoup plus calme.
Vous dites que nous avons une pudeur à parler de la mort. Oui. Je l'ai fait deux fois, car pour mon mari, cela est impossible. Le malaise que je ressens est du domaine de quoi dire. Je ne peux plus m'appuyer sur un retour verbal de sa part, elle écoute, ça oui. Que dire? << Marra, oui, vous allez mourrir, cela vous fait peur (en suis-je si sûre?)? .... >> Je suis sèche, autant ici, devant mon ordinateur qu'en face d'elle. Si vous pouvez me donner un exemple, peut-être cela me décoincera.
Ces cris, ces appels au secours, (elle passe sa journée et une partie de la nuit à crier) 'Phoooo', 'Vaaaaaaa'
Il y a un sentiment d'impuissance en moi, certes. Quand je le lui ai exprimé, j'ai ressenti que je chargeais encore ses épaules.

Je vis cela comme une expérience et une découverte. Merce de votre aide.
Claude

Annette

Bonsoir Claude,
Juste un tout petit témoignage.
 Lorsque notre mère a atteint le point terminal de sa vie, ma soeur et moi qui la veillions depuis 3 mois en sachant qu'il n'y avait plus aucun espoir, avons commencé à lui parler de "ceux" qu'elle allait retrouver bientôt, "ceux" qu'elle avait aimé et qui l'avait aimé aussi.
Nous avons beaucoup parlé du passé et de tous ces moments de bonheur qu'elle avait vécu avec eux.
Jamais je n'oublierai la lueur dans ses yeux à cette évocation.
Je vous passe les détails, la durée et la difficulté de dialogue.
Nous pensons sincèrement qu'elle est partie sereine et pleine de joie de les retrouver.
Dure épreuve.
Bon courage .
Annette.