Fugues ou disparition de personnes accueillies

Démarré par Etienne, 29 Août 2006, 09h38mn

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Etienne

Bonjour,
Dans le Journal de la Haute-Marne, ce fait divers publié le 17 août 2006 :

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Côte-d'Or : un handicapé disparaît dans un train

DIJON- Un handicapé mental de 46 ans est recherché depuis sa disparition dimanche, alors qu'il avait pris seul un train reliant Dijon à Lyon.

«Il y a eu un défaut de concertation entre la famille d'accueil qui l'a mis dans le train et les éducateurs d'un centre où il devait passer ses vacances», a indiqué le parquet de Dijon, soulignant que ce quadragénaire avait «le mental d'un enfant de 6 ans».

«De corpulence forte» (1,70 m,86 kg), Laurent Naudin, «un majeur sous tutelle», a disparu alors qu'il était dimanche en gare de Dijon dans le train de 15 h 13 à destination de Lyon-Part Dieu, selon l'avis de recherche de la gendarmerie.

De «type européen, les cheveux courts noirs, raides et épais, les yeux gris», cet homme handicapé, qui réside à Echalot, en Côte d'Or, à la limite avec la Haute-Marne est vêtu «d'un pantalon en toile écru, de chaussures de ville noires et d'une parka bleue marine», selon les gendarmes. Il possédait une valise en tissu de couleur foncée et avait en sa possession ses papiers d'identité.

L'alerte a été donnée dimanche en fin d'après-midi par la famille d'accueil du disparu auprès de la brigade de gendarmerie de Recey-sur-Ource (Côte-d'Or), qui a ouvert une ligne téléphonique pour la circonstance (03.80.81.01.17).

Aucune piste n'est privilégiée concernant cette disparition, selon le parquet.

http://www.journaldelahautemarne.com/news/fullstory.php/aid/8671/Cte-dOr_:_un_handicap_disparat_dans_un_train.html

PS : voir également les recommandations suivantes : Procédure à suivre impérativement en cas de fugue ou de disparition d'une personne accueillie

Dadège Dussatr

Bonjour,

J'ai transmis à mon frère journaliste FR3 à LYON, le message ainsi que la publication sur le journal.
Avec un peu de chance avec les médias...

A bientôt, Nadège

Etienne

Bonjour,

Bonne nouvelle : tout va bien, le "disparu" a été retrouvé, en bonne santé. Sa famille d'accueil m'a expliqué qu'il avait 60 euros en poche, ce qui lui a permis de se débrouiller pendant 4 jours à Lyon avant d'aborder un policier pour lui demander de l'aider à "rentrer au bercail".

En accueil familial, les "disparitions" d'accueillis sont courantes mais généralement de courte durée. Exemples :
- une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer échappe à la vigilance de ses accueillants et part se promener ; elle se perd rapidement. La plupart du temps, des voisins la ramènent ou alertent l'accueillant...
- une personne handicapée mentale profite d'une sortie en ville pour fausser compagnie à ses accueillants et s'accorder quelques heures de liberté. La plupart du temps, elle surprend tout le monde par sa capacité à retrouver "le bon chemin" à l'heure du repas... :)

Nous ne sommes pas des gardiens de prison : il n'y a pas de barreaux aux fenêtres, les personnes accueillies ne sont pas enfermées chez nous. Mais, même lorsque leurs "escapades" se terminent bien, notre responsabilité peut être engagée.

Et, parfois, ça se termine mal - soit il arrive "quelque chose" à la personne accueillie, soit elle se livre à quelques larcins, même sans gravité. On a vu des accueillants perdre leur agrément pour "défaut de surveillance".

Tout ceci pose une nouvelle fois la question des limites de l'accueil familial. Sommes-nous tenus à des obligations de moyens ou à des obligations de résultats ? Aucun texte ne le précise...

Interrogativement, Etienne

Arthur 2

[message effacé à la demande de son auteur]

jacotte

Bonjour,

La responsabilité de la FA en cas de fugue, de retard de retour chez l'accueilli, etc, n'est pas, à mon avis assez définie.
Je suis FAThérapeutique et le statut des accueillis est sans doute différent de celui des accueillis en FAS (social) : les patients qui nous sont confiés sont de patients en hospitalisation libre (les patients en hospitalisation d'office ou à la demande d'un tiers ne vont pas en FAT). Administrativement et judiridiquement, ils sont libres de partir de l'hôpital et par conséquent de la FA.

Cependant, la vie en société et donc en famille, implique des contraintes qui sont définies dans un contrat d'accueil, independant du contrat de travail, signé par le service de l'hopital, l'accueilli et la famille d'accueil dans lequel, s'il est besoin, les règles élémentaires de respect des uns et des autres sont précisées. Entre autres, le retour chez l'accueillant aux heures des repas, la communication à la famille du lieu de promenade etc... Rien de plus que ce qui est demandé aux membres d'une famille ! La vie de famille ne peut pas tolérer toutes les lubies ou disfonctionnement d'une personnalité, ce qui serait d'ailleurs contraires au but recherché par l'accueil familial.

Au-delà de ces règles de base, une attention particulière peut être est portée au cas par cas. Même en hospitalisation libre, des patients peuvent avoir des carences intellectuelles et psychologiques qui doivent être prises en compte.
Même si la formule de non-assistance à personne en danger est sans doute excessive, elle mériterait un petit coup d'oeil. Un placement libre n'implique pas nécessairement que le patient ait toutes ses facultés d'autonomie.

Néanmoins, la notion du danger, de la responsabilité reste une appréciation subjective qui devrait être définie plus objectivement. J'en ai fait l'expérience avec un patient alcoolique que j'ai recherché dans tous les cafés de ma ville. Initiative qui m'a été reprochée par une partie de l'équipe de l'AFT (le patient était majeur et libre d'aller s'enivrer quitte à être ramassé par les pompiers) alors que le psychiatre et d'autres personnes du service me confirmaient le bien fondé de mon sentiment de responsabilité. Déroutant !!!.

Qu'en est-il du statut des personnes en accueil familial social ?

J'espère ne pas avoir été trop longue mais le problème posé me semble fondamental.

Cordialement, Jacqueline

Bernard de Toulouse

Bonjour,

Je pense que Jacotte a une vision un peu "réductrice" de l'exonération de responsabilité en matière AFT car si le patient ne peut être contraint de demeurer en établissement dès lors qu'il est hospitalisé sous le régime de l'hospitalisation libre, la responsabilité de l'établissement peut être recherchée (et donc trouvée) car en psychiatrie comme dans les autres services médicaux et chirurgicaux, le consentement aux soins comme le refus de soins doivent être "éclairés" c'est à dire que la personne doit l'avoir proféré, après avoir reçu une information loyale et intelligible - la preuve de la délivrance de cette information incombant à l'établissement mais pouvant être effectuée, nous dit la cour de Cassation, "par tout moyen".
On est donc loin de la position traditionnelle "il signe sa pancarte et ma responsabilité est engagée".
J'ajoute, s'agissant des soins psychiatriques, que si une procédure de "péril imminent" a été formalisée par la loi de 1990 - un seul certificat médical pouvant émaner d'un médecin de l'établissement, demande d'un tiers pouvant être un membre du personnel (sauf membre de l'équipe de soins) dès lors qu'il est susceptible d'agir dans l'intérêt de la personne qu'il connaît - implique nécessairement qu'il ne suffit pas qu'un malade - en hospitalisation libre - veuille cesser sa prise en charge pour que l'établissement et les préposés (dont les AFT)soient dégagés de toute responsabilité.

Pour l'accueil social c'est un peu plus compliqué. En fait tout tourne autour de la question de savoir si l'accueillant a pour mission d'organiser la vie de la personne accueillie. A mon avis c'est oui sans contestation lorsque la personne accueillie n'est plus maîtresse d'elle même, notamment lorsqu'elle est placée sous tutelle et, à degré moindre, sous curatelle.
Par contre si elle n'est pas placée sous un régime de protection civile, elle est réputée maîtresse d'elle-même puisque les incapacités personnelles ne se présument pas. En pareil cas, vous vous devez, cependant de la mettre face à ses responsabilités et le mieux serait d'établir des règles claires dès le départ. Ce qui n'empéche pas d'être vigilents et de prévenir la famille en cas d'absence imprévue, voire provoquer l'intervention des services de recherche si vous avez des raisons de craindre une défaillance.
Encore une fois toute est une question d'appréciation concrète. Il est important d'être clair sur le statut de la personne accueillie.

Combien de problèmes (que ce soit de responsabilité ou plus prosaïquement d'impayés) sont de véritables casse-têtes ... en raison d'accommodements genre "la mamie n'a plus sa tête mais elle n'est pas sous tutelle, c'est sa nièce (ou sa fille ou sa petite-fille) qui a signé le contrat d'accueil et gère les comptes" ... qui sont vides ... (ou parfois même vidés) et qui n'a - en dehors d'une procuration bancaire - aucune légitimité à s'immiscer dans la vie de sa parente ...
En cas de problème, il est rare que la responsabilité pénale des accueillants soit recherchée. C'est souvent devant la justice civile que se résolvent ces affaires, d'où l'obligation d'assurance de la responsabilité civile professionnelle.

marie

Bonjour,

Une question à propos de la liberté d'aller et venir de la personne accueillie en famille d'accueil :

La personne accueillie (valide) peut elle se déplacer librement (sans être systématiquement accompagnée par l'accueillant) en dehors de la maison et du jardin, pour par exemple aller dans le village faire une course ?

Merci pour votre réponse,
Marie

Arthur 2

[message effacé à la demande de son auteur]

Bernard de Toulouse

Oui mais ... la responsabilité sans faute de l'accueillant ... c'est à dire la responsabilité qui découle de la seule survenance d'un dommage est un régime exceptionnel qui ne trouve à s'appliquer que si la personne accueillante avait accepté la charge d'organiser et de contrôler à titre permanent le mode de vie de la personne accueillie.
C'est un arrêt de la cour de Cassation du 29 mars 1991 (censurant un arrêt de la cour d'appel de Limoges) qui a instauré ce revirement de jurisprudence. Depuis, cette jurisprudence a été élargie aux associations qui hébergent à titre permanent des mineurs (délinquants, en dangeer, sous le réggime de l'éducation surveillée), aux associations sportives pour les dommages causés par les joueurs (à condition qu'un acter illicite soit à l'origine du dommage) puis des supporter (incendies d'autocars aprés un match PSG-OM - pas le dernier, l'arrêt de la cour d'appel d'Aix en Provence est du 9 octobre 2003 ...

Par contre un établissement fonctionnant en semi-internat, un tuteur d'une personne majeure ne sont pas chargés de contrôler la vie des personnes qu'ils prennent en charge à titre permanent et leur responsabilité civile ne peut être recherchée sur ce fondement - dont elle ne peut l'être que sur le fondement d'une faute de l'établissement ou du tuteur.
De plus, pour les personnes sous tutelle notamment mais pas exclusivement, il est bon de rappeler qu'à la différence de ce qui existe pour la responsabilité pénale, leur responsabilité civile reste engagée même si les faits qui sont à l'origine de dommages causés à des tiers ont été commis sous l'emprise d'un trouble mental et c'est à l'auteur des faits fût-il "dément" lors de leur commission à en réparer les conséquences (ou, espérons-le, à son assurance). C'est l'article 489-2 du code civil.

Précision : il incombe à l'accueillant familial de vérifier l'existence d'un contrat d'assurance responsabilité civile des personne qu'elle accueille.

turpin

bonjour à tous

je suis  FA  depuis 2ans
bientot 10mois que j'accueille un adulte handicapé (hémiplégique+trauma  suite à un accident de voiture)
depuis le début de l'accueille c'était une personne un peu  grossier, mais bon , je prenais beaucoup sur moi en me disant que ce n'est pas facile d'être à sa place (il n'a que 40ans) .
mais de plus en plus il fait des cacas nerveux pour un refus ou n'importe quoi . il y a un mois il est parti de la maison sans rien nous dire est allé passer la nuit chez sa famille (ce que sa tutelle ne veux pas ! car famille destructrice).
la semaine dernière à deux reprises il est parti je ne sais où et revenu fin d'aprés midi.
aujourd'hui à l'heure de la sieste il a fugué de nouveau (comme à chaque fois nous courrons mon mari et moi à la gendarmerie  signaler sa fugue )
moralement je ne pense pas pouvoir supporter de vivre avec un tel personnage !
le fait qu'il parte une nuit hors de la maison sans avertir constitue ou pas une rupture de contrat ?

cordialement

christianegode

Bonjour Turpin,
Il me semble difficile de supporter et de canaliser un personnage grossier, qui n'en fait qu'à sa tête et qui visiblement ne sait pas apprécier ce que vous lui apporter. Il a surement besoin d'aide médicale, en avez-vous parlé aux intervenants médicaux qui le prennent en charge ? Pour vivre une « belle histoire » qui pourra se pérenniser dans le temps avec la personne que vous accueillez il faut qu'il y ait un échange.
La réussite de l'accueil repose essentiellement sur les relations que vous allez pouvoir établir avec votre ou vos  accueillis.  Il faut interrompre, refuser un contrat jugé trop difficile ou contraignant les habitudes de vie familiales,  et il faut, avant tout  vous préserver, protéger votre bien-être familial car,  à votre quotidien s'ajoute la vie de votre famille avec peut-être des enfants, des petits enfants et si j'ai bien compris le bien être de votre 2ème accueilli...
La rupture d'un contrat n'a pas à être justifiée, c'est une décision qui vous appartient
Bon courage
Christiane

patoche86

Bonjour à tous,

On nous place un monsieur, incapable majeur sous tutelle de l'ATRC.
Il se trouve que ce monsieur a toujours vécu chez lui avec sa mère.
La maman a été hospitalisée, le monsieur est resté chez lui en attendant son retour....... mais ça s'est mal  passé , il a angoissée, dérangé les voisins sans cesse et ce sont eux qui ont alerté sa tutelle.
Donc le monsieur arrive chez nous en urgence. On signe un contrat temporaire. En attente que la maman rentre de l'hôpital.
Au début, tout va bien. C'est une perle. Il a envie de rester ici, au cas où la maman "partirait". Il est content, se projette dans l'avenir, les beaux jours, le potager dans lequel il va pouvoir s'occuper.
Nous apprenons, au bout de 3 semaines, que la maman ne pourra pas retourner vivre dans sa maison.
Le monsieur (son fils) dit alors qu'il veut rester chez nous, car il ne veut pas vivre seul.
J'en informe la tutelle, qui saute sur l'occasion de refaire un contrat temporaire, le temps de bloquer un RV avec l'évaluateur du CG pour signer un contrat permanent.
Jusque là tout le monde est content, c'est presque trop beau (là, c'est mon intuition qui parle)
je suis régulièrement au téléphone avec la tutrice, l'informe que le monsieur souhaite rapporter des affaires, ce que nous faisons. Il a donc toujours les clés de sa maison..............
Puis il réfléchit : à vendre sa maison. Ou à la louer. Je rends compte de ces souhaits sensés à la tutrice.
J'explique néanmoins au monsieur, qu'il ne pourra pas rapporter TOUTES ces affaires, qui remplissent sa maison immense !
Il me répond : je les mettrais en vente, la tutrice m'a dit que je pourrai le faire.
Les jours passent........ le monsieur commence à s'angoisser.
La vie en famille d'accueil comporte quelques contraintes, si nous devons être à leur disposition, on ne peut pas non plus répondre à tous leurs desiderata, comme par exemple aller tous les jours  en ville faire des achats, faire des aller-retour incessants entre ici et la maison du monsieur, nous avons d'autres personnes à nous occuper et il faut faire les choses dans l'ordre, en temps et en heure, sans précipitation.
Visiblement, le monsieur a du mal à différer la satisfaction de ses désirs. En tout cas, c'est ce que j'observe ;)
Puis, affirme qu'il ne vendra pas sa maison, "elle est à moi !".
J'apprends également que l'option "louer la maison" n'est pas gérée par la tutelle.
Le monsieur sent qu'il est moins libre qu'avant........ lui habitué à satisfaire chacune de ses envies dans l'immédiat, est frustré. En effet, il est financièrement à l'aise, et quand il veut quelque chose c'est tout de suite.
Puis un beau matin, il met sa veste et nous dit qu'il va se promener dans le village. Il pleuvait ce jour là, logiquement il ne partait pas pour une heure de marche........ mais 3/4 d'h après, je réalise qu'il n'est pas revenu.
Manifestement, il s'est "barré" comme on dit simplement.
Branle-bas de combat : j'avertis l'éducatrice, qui me donne la marche à suivre. J'avertis la tutelle, et l'évaluateur du Conseil Général.
Mon compagnon, inquiet, part à sa recherche, en même temps que les gendarmes arrivent et décident d'envoyer une patrouille de recherche.
J'essaye d'avertir chacun des membres de sa famille, qui habitent à côté de sa maison dans le même village. Personne ne répond, et personne n'a jamais rappelé pour prendre des nouvelles, hormis sa soeur que nous connaissons bien.
Je préviens également l'hôpital, donne son signalement, pour le cas où le monsieur serait allé voir sa maman, tout en leur demandant de le retenir s'il le voie.
Mon compagnon retrouve le monsieur, à 30 km de chez nous ! il avait parcouru tout ce chemin à pieds, en stop, 3 voitures l'avaient pris successivement.
Incapable de se prendre en charge lui-même, sous tutelle, analphabète de surcroit, nous continuons de prendre les mesures nécessaires, pour assurer sa sécurité, la nôtre et celle de nos autres accueillis.
Nous faisons venir un médecin du SMUR, pour l'évaluer.
A ce stade, le monsieur est très angoissé, énervé, et le voilà qui profère des menaces de suicide : si je peux pas rentrer chez moi, de toute façon je me flingue !!!!!!!!
Et là, tout le monde commence à se défausser.
Personne de sa famille ne se manifeste pour prendre le relai.
La tutelle devient économe en mots, les silences sont embarrassés, sauf pour me dire qu'il va falloir qu'on le reprenne et qu'on ferme toutes les portes à clés ::o
Aucun médecin ne veut signer une HDT, il ne relève pas de la psy. Un majeur protégé ? incapable de vivre seul ? qui fugue, se met en danger, menace de se suicider ? qui claironne qu'il ne restera pas ici et foutra le camp de toute façon ? on ne peut rien proposer d'autre que de le replacer chez nous ? et que toutes les responsabilités nous incomberaient FORCEMENT en cas de fugue, d'agressivité auto ou hétéro, et que sais-je encore ?
Alors, j'ai pris conseil auprès de mon évaluateur, lequel me dit : vous ne devez pas le garder, sous aucun prétexte, contre sa volonté.
Le monsieur passe alors la nuit à l'hôpital, auprès de sa maman (en attente d'un placement en maison de retraite).
Il passe une bonne nuit, apparemment.
Moi, je ne dors pas bien du tout :X
Le lendemain, l'AS de l'hôpital m'appelle en me disant que le monsieur n'est pas malade et qu'ils ne peuvent pas le garder.
Soit, je réponds,  mais je vous demande de vous mettre en contact direct avec la tutelle, car ce monsieur signe et persiste : s'il revient ici il fuguera ou portera atteinte à son intégrité.
Je prends alors contact auprès de Famidac, puis de l'assistance juridique.
Je fais partir immédiatement ma lettre de rupture de contrat.
Je prends soin également de notifier, par mail avec accusé de réception, des motifs de mon refus qu'il revienne ici.
En substance :
1- le monsieur refuse clairement et de manière répétée de rester chez nous
2- il revendique de manière appuyée et il n'en démord pas, qu'il veut retourner vivre dans sa maison
3- impossibilité pour lui de retourner vivre seul !
4- fugue ayant nécessité la mobilisation d'un escadron de gendarmerie pour partir à sa recherche. Un PV a été établi (trace écrite)
Donc, on est bien d'accord : si le monsieur revient chez nous contre sa volonté, sa sécurité n'est plus assurée.
CAR, et ceci est primordial :
1- l'accueil familial est un mode d'hébergement ouvert.
2- nous n'avons matériellement et légalement aucun moyen de contrainte sur ce monsieur. Si je ferme la porte à clé, il sort par la fenêtre et fait le mur. En pleine nuit s'il le souhaite !
3- en cas d'accident, c'est SA responsabilité qui est engagée, selon l'article 489-2 du code civil.

Donc, j'ai mis fin au contrat sans délai.
Surtout qu'une autre famille d'accueil a pris le relai immédiatement après.

Puis la tutelle m'appelle.
Je ne l'avais eue qu'au téléphone auparavant, elle n'avait pas pu (ou voulu ?) se déplacer. Pourtant, il aurait fallu le faire dès le début, non ?
Elle nous propose un RV pour faire le point. Maintenant que le contrat est rompu ? soit.
Mais, elle ne sera pas seule : la directrice de l'ATRC sera là aussi, ainsi que l'évaluateur du CG.
Ça fait beaucoup de monde, beaucoup de km, alors que tout a déjà été dit.
Je ne comprends pas bien la raison de ce déplacement en masse :S Quand même, la directrice se déplace !

J'ai pris toutes les mesures nécessaires, j'ai assuré mes arrières, tenu compte de la loi, de mes compétences. J'ai protégé toutes les parties, tout écrit noir sur blanc, assuré la sécurité du monsieur, je n'ai pas outrepassé mes droits, je n'ai pas joué au héros ni avec la sécurité de mon accueilli.

J'ai oublié de dire, que ce monsieur est chasseur. A les clés de chez lui. On ne sait vraiment pas ce qui pourrait se passer, si jamais il ne se faisait jamais à l'idée de quitter sa maison...............

QUESTION : à votre avis, de quoi vont-ils nous parler ? pensez-vous que ce sera une visite de courtoisie pour nous dire "vous avez trèèèèèès bien fait". Et c'est tout ? j'ai du mal à le croire........ surtout que le monsieur est dans une autre famille d'accueil (ou sous peu), plus proche de sa maison, et qu'ainsi une rupture en douceur pourra se faire d'avec cette maison, qu'il pourra aller visiter de temps en temps, et s'habituer à sa nouvelle vie.

J'ai tenu à témoigner, d'une histoire que je croyais avoir réglée dans le respect de mes obligations et missions, mais qui n'a pas encore trouvé son épilogue.................... les paroles s'envolent, les écrits restent.

Merci à vous, de m'avoir lue jusqu'au bout, et de vos conseils si vous en avez.:)-D
Patoche.

Marion

Bonjour Patoche,

Je pense que tu dois être angoissée à l'idée de ce rdv avec tutelle et cg, comme je te comprends!

A te lire, tu as fais ce qu'il fallait, et dans l'intérêt de l'accueilli, c'est même ce que l'évaluateur du cg t'a signifié! Donc pour l'instant ne panique pas, attends de voir, tu n'as rien à te reprocher!

Si c'est possible, il faudrait que durant ce rdv tu ne sois pas seule, ils vont venir à 3 personnes, ce serait bien que vous soyez au moins 2 pour discuter et faire front si besoin est!

Si pendant la discussion tu sens la mauvaise foi poindre ou tout autre reproche non justifié; garde ton calme, c'est souvent le plus difficile.

Note à l'avance le déroulement chronologique des faits avec tes commentaires, tu pourras en avoir besoin si un détail t'échappe.
Ils vont sûrement venir pour que vous soyez tous d'accord sur l'incident, reste vigilante cependant!
Les choses semblent terribles sur le coup, mais rien n'est n'est permanent: heureusement...

Amicalement, Marion.
Tiens moi au courant!

patoche86

Merci Marion,

Mon message, contient l'ordre chronologique des événements. J'ai tout en tête, et j'en aurai une copie lors de cet entretien.
Nous serons deux, face à ces trois personnes.

On sait bien que nous sommes soumis au régime de la présomption de culpabilité, le forum regorge de témoignages sur ce traitement.......
Il est clair qu'ils ne vont pas venir pour nous dire qu'on a géré au top.

J'ai repensé à ce que toutes ces personnes m'avaient conseillé : faire en sorte que la personne ne re-fugue pas, le retenir contre son gré, fermer toutes les portes à clés. Cela s'appelle de la séquestration. Même à l'hôpital on ne retient pas quelqu'un de force. A moins que son état mental ne soit altéré, ou qu'il se mette en danger. C'était le cas, et dans ce cas, c'est aux autorités compétentes de prendre toutes les mesures pour la sécurité de la personne. Sûrement pas moi, je n'en ai ni les moyens ni le droit.
La séquestration, est punie de 30 ans de taule................

Nous savons tout ça, nous avons fait tout ce qu'il fallait, j'en suis convaincue.
Ils avaient tous les pouvoirs pour protéger ce majeur, rien n'a été fait à part nous refiler la patate chaude, la cocotte et l'eau bouillante avec.
Ils n'arriveront sûrement pas à la conclusion qu'ils ont mewdé dans cette affaire, c'est évident. Et c'est cela qui est inquiétant.

Nous serons deux face à eux.
Je fais le voeu pieu d'arriver à trouver une troisième personne qui nous soutienne durant cet entretien, une personne extérieure à l'affaire, et qui connaisse les rouages de l'AF :(

Merci à toi, Marion.
Bonne journée,
Patoche.

Utilisateur anonyme

Bonjour Patoche,

Rassure -toi ,peut-être veulent-ils juste faire un point sur cet accueil pour éviter les mêmes problèmes dans l'autre famille ?
Je crois que s'ils avaient voulu te reprocher des choses ils auraient rendu "officiel"ce rendez-vous en te convoquant dans leurs locaux .
Mais avant tout crois en ta conscience professionnelle  qui t'a guidé dans tes décisions .Ne doute pas de ta décision .
Demande à quelqu'un de ton association départementale d'être là présent si tu en as la possibilité .
Je pense que Marion a fait  une bonne analyse de la situation .
Bon week-end Patoche

sissou

Bonsoir Patoche
Tu as été patiente et fait tout ce qu'il fallait .Comme dit Marion , garde ton calme et essaye de calmer tes inquiétudes . Peut être pourrais tu placer quelques boutades qui détendent l'atmosphère, et garde ton sourire.
Tu ne nous as pas dit l'âge de ton accueilli . A t il  fait un passage de sénilité?
Nous sommes de tout coeur avec toi.

patoche86

Merci Sissou,

Mon ex-accueilli a 56 ans. A toujours vécu avec sa mère.
Ce soir, nous avons eu des nouvelles de la part de sa soeur : il est toujours à l'hôpital avec sa mère, cela fait 6 jours........
Garder le sourire, je ne sais si je pourrai ;)
Faire de l'humour, tout dépendra de l'ambiance au moment de l'entretien :?
Mais je sais, dans tous les cas de figures, ce que je dirai : (exposé de mon analyse)

"Monsieur X est un adulte protégé, sous tutelle, incapable de se prendre en charge seul
- vivant depuis 56 ans avec sa mère - lien fusionnel
- niveau intellectuel très faible, analphabète
- placé en famille d'accueil à l'hospitalisation de sa mère, donc séparation brutale et non préparée
- ne supportant pas la solitude (les voisins et sa propre famille ont alerté les services de tutelle une première fois, après quelques jours resté seul chez lui)
- habitué à satisfaire ses moindres désirs sans délai - incapacité à différer ses envies - passage à l'acte si frustration et fortes angoisses
- passage à l'acte effectif : fugue dès lors qu'il n'a pas eu ce qu'il voulait (retourner vivre seul chez lui)
- menaces d'auto-agression si on n'accède pas à ses désirs

présente une rigidité de fonctionnement psychique, dont on ne sait pour le moment si elle résulte d'habitudes ancrées depuis longtemps ou d'une réelle incapacité à prendre du recul , se remettre en question, accepter sa nouvelle situation et commencer le deuil de sa vie d'avant.

Au vu des événements récents, fugue, menace de fugue si retour en famille d'accueil, menace de suicide, le maintien en milieu ouvert non protégé (famille d'accueil) ne satisfait plus dans l'immédiat à sa sécurité, physique et morale.

La solution trouvée de le rapprocher de sa mère, ne sera que temporaire, et vise seulement à apaiser les angoisses.
La nécessité d'une évaluation psychologique par un professionnel s'impose.
Sur les conclusions de cette évaluation, sera décidée la suite à donner à la prise en charge de monsieur X."


C'est drôle, comme ça parait logique et limpide, dit comme ça :D

Merci de votre soutien,
Je vous souhaite une bonne soirée.

Famidaquement,
Patoche.

Marion

Bonjour Patoche,

L' analyse de la situation de ce monsieur est claire, nette et précise, si avec cela tes "visiteurs" ne comprennent pas la situation: j'en perds mon latin... mais je pense que cela devrait aller pour le mieux!

Amicalement, Marion.

sissou

Bonsoir Patoche
Oui ton analyse est claire et si ton C G sait écouter , c'est toi qui a vécu avec lui, il prendra les disposition que tu préconise.
A bientôt

patoche86

Bonjour à tous,

Des nouvelles......... le monsieur était très malheureux chez nous ! ::o8-):S:X
Nous sommes tombés des nues, littéralement.
Cette histoire n'a rien d'exceptionnel, nous ne sommes pas les premiers à qui ça arrive, et quand c'est parole contre parole, il vaut mieux que ça s'arrête.
Mais quand votre bonne foi et votre honnêteté sont mis en cause, quand on brosse un tableau de vous totalement contraire à la réalité, ça pose quelques questions....... et une bonne leçon, que je ne suis pas prête d'oublier.

Le voilà parti dans une autre famille d'accueil.
Je souhaite de tout coeur à cette FA, qui est une collègue (coucou ;) ) que ça se passe au mieux.

Merci à tous de votre soutien,
Patoche.

Utilisateur anonyme

Bonsoir Patoche,

Cela nous est arrivé, il y a quelques mois et tout comme toi nous sommes tombés des nues .Le tableau que l'on nous traçait était l'opposé de ce que nous sommes .
Attachés à faire de la bonne cuisine avec des produits frais, on nous accusait de faire que des conserves .
Nous sortons chaque jour avec nos  accueillis très autonomes et il nous était reproché  de ne jamais rien faire .
Nous cherchons toujours le dialogue, il m'était reproché d'insulter, de crier ....
Heureusement pour nous que nous pouvions prouver le contraire.
En effet, j'ai un gros défaut, je garde chaque ticket de caisse des années !!!! (mon fils a l'habitude de se moquer et me dire qu'il peut me suivre à la trace) et bien là j'ai pu justifier des entrés de cinéma, de musées, de restaurant ; de plus j'achète ma viande chez un grossiste qui pouvait m'attester de mes achats, idem pour mes légumes et fruits chez un particulier : comme quoi tout peut servir ....
Tout comme toi nous en avons tiré une bonne leçon et nous avons aussi été touchés que notre bonne foi soit remise en cause.
Il n'aurait tenu qu'à mon époux ,il rendait notre agrément dans du papier cadeau ; avec le recul, nous avons réfléchi au pourquoi nous sommes accueillants familiaux et avons continué notre chemin qui s'enrichit tous les jours, même avec ce genre de mésaventure .
Bises
Gribouille

Etienne

Bonsoir,

La question de la liberté d'aller et venir ne se pose pas uniquement en accueil familial - voir http://www.social-sante.gouv.fr/actualite-presse,42/communiques,2322/cas-de-personnes-tres-agees,15573.html :

"Cas de personnes très âgées quittant leurs lieux d'habitation
:( Aujourd'hui, lundi 11 février, le corps d'une personne âgée a été retrouvé dans le parc de l'EPHAD Saint Bonnet de Mure dans lequel elle résidait dans l'agglomération lyonnaise (Rhône-Alpes). La disparition de la résidente de 93 ans avait été constatée à 23 heures par le personnel.
:( Ce samedi 09 février, à Belcaire (Aude), une femme de 73 ans est décédée d'hypothermie après avoir quitté sa maison de retraite.
:( Samedi 02 février un homme âgé a quitté l'EHPAD dans lequel il résidait à Langogne (Lozère), son corps a été retrouvé sans vie tard dans la nuit.
:( Le vendredi 18 janvier, une patiente de 90 ans de l'hôpital Sainte-Périne, dans le XVI e à Paris, a été retrouvée morte de froid, après avoir passé une partie de la nuit dans le jardin de l'établissement.
Cette succession d'accidents dramatiques pose avec acuité la question de la limite entre liberté d'aller et venir, et sécurisation des conditions de vie.
Le sujet n'est pas seulement la qualité de prise en charge des résidents par la maison de retraite et leur personnel, ces derniers ayant à cœur d'assurer une sécurité maximale ; il s'agit aussi d'une question d'éthique et de droit.
Michèle DELAUNAY va donc lancer une réflexion avec tous les acteurs concernés, y compris les spécialistes des questions éthiques, sur une meilleure définition de cette limite. En particulier doit être discuté l'usage de dispositifs de géo localisation à des fins de protection de la personne. La ministre déléguée aux personnes âgées et à l'autonomie proposera aux membres du comité national pour la bientraitance et les droits des personnes âgées et des personnes handicapées (CNBD) qui sera créé demain, de se saisir de ces sujets. Ce comité pourra s'appuyer sur les recommandations élaborées par les professionnels dans le cadre de la conférence de consensus de 2004 sur la liberté d'aller et venir dans les établissements médico-sociaux."


Répétons-le : l'accueil familial n'est pas une prison, pas plus que l'accueil en établissement. L'article 2 du contrat d'accueil précise d'ailleurs, entre autres Obligations de l'accueillant familial :
- favoriser sa libre circulation à l'extérieur du logement
(dès lors qu'elle n'est pas limitée pour raisons médicales ou décision de justice)


Qu'on ne vienne donc pas reprocher à certains accueillants de ne pas avoir respecté cette obligation ! 8-)
... d'autant plus qu'étant seuls et uniques responsables, ils veillent bien mieux qu'un "dispositifs de géolocalisation" à la sécurité des personnes accueillies que les équipes qui, en établissements, se relayent 3 ou 4 fois par jour pour veiller  à tour de rôle sur plusieurs dizaines de personnes. Lorsque, sur 80 résidents, un seul manque à l'appel, qui sait à tout moment s'il est à la cantine ? dans sa chambre ? au salon ? aux toilettes ? à l'infirmerie ? de sortie ? décédé ??? :S

Avec un maximum de 3 personnes accueillies, les "disparitions" sont bien plus vite repérées en accueil familial qu'en établissement  :)
... le tout dans un cadre vivant, intergénérationnel, à l'opposé du ghetto carcéral proposé par les adeptes des "résidences sécurisées" !
Famidaquement, Étienne

Etienne

Bonjour,

Jean-Michel Domergue, président de l'association AFFABLE 62, nous écrit ceci :
"Je vous envoie la procédure que nous avons rédigé il y a 2 ou 3 ans concernant la gestion de la fugue d'un pensionnaire.
Nous proposons cette procédure à nos adhérents en sachant qu'elle doit bien sur etre « personalisée »
Je pense qu'il ne peut absolument rien être reproché à l'accueillant si l' alerte est donnée rapidement : Ce qu'il faut c'est réagir , alerter, secourir...
Cordialement, JMD"


Merci Jean-Michel : pour télécharger ce document "Procédure à suivre impérativement en cas de fugue d'un pensionnaire", cliquez ici.

Famidaquement, Étienne :)

verniol

Bonsoir Patoche ,

Voilà bien les joies de l'Accueil Familial !!!Mais rassures-toi ,ne te disculpes-pas ,ne te mets pas Martel en tête , tu as fait exactement ce qu'il fallait faire dans ce genre de situation !!!! Ceci dit ,on peut constater une fois de plus que devant ce type de problème ,les personnes qui ont autorités pour intervenir ou nous aider "disparaissent de la nature" comme par enchantement et nous laissent bien nous débrouiller tout seuls ,quitte ,sans vergogne ,à nous faire des reproches par la suite !!!!

Nous avons vécu une situation assez similaire cet hiver avec un de nos accueilli ,à notre retour de congé .

Bon courage ,à bientôt .

Christian