Dignité de la personne accueillie

Démarré par sophie, 16 Décembre 2005, 09h29mn

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sophie

Bonjour à tous,
Je me pose question concernant les limites d'intervention d'une famille dans l'intimité de l'accueilli.
Notre pensionnaire a 52 ans. Elle est dialysée, ce qui l'a beaucoup diminuée physiquement... déplacements de plus en plus difficiles, perte d'autonomie générale mais elle est tout à fait consciente et vit très mal la dégradation progressive. Nous avons constaté qu'elle sentait mauvais. Difficile de lui dire sans qu'elle ait l'impression que nous lui manquons de respect.
Pourtant, l'odeur est nauséabonde et imprègne tous les endroits où elle s'asseoit. Alors j'ai dû lui dire qu'elle devait avoir "une fuite" et qu'il fallait qu'elle me donne ses vêtements. Sa réaction ne s'est pas faite attendre : colère, rage, elle sent l'intrusion dans son intimité. Elle est outrée et "menace" de le dire autour d'elle.
Alors la situation me pose problème. On n'est pas dans le contexte de l'accueil d'une personne âgée ; elle est sensée être valide, autonome et c'est dans cet esprit qu'elle est venue chez nous occuper deux pièces rien que pour elle. Comment faire sans que la personne ne se sente humiliée ?

Irène

Bonsoir Sophie,

La perte d'autonomie peut entrainer une multitude de réaction chez la personne qui le vit, et l'une d'entre elle est la colère. Ces réactions émotionnelles peuvent rester de la colère, elles peuvent aussi évoluer vers du chantage, et sur de la dépression. Au mieux la personne peut évoluer vers l'acceptation, par elle même ou avec de l'aide. C'est ainsi,  toute personne soignante devrait connaitre ces différentes étapes dans le deuil que ce soit au sujet de la mort d'une personne ou d'une chose, les capacités physiques ou mentales, une relation etc, etc....

Sous cette colère se dissimule la souffrance, les angoisses dont elle n'ose pas parler et qu'elle ne sait pas exprimer, tout un non-dit que nous pouvons parfois décripter, traduire, puis essayer d'entamer un dialogue.
Peut-être, Sophie, pourriez-vous commencer par lui proposer une aide, par exemple lui laver le dos, ou alors lui proposer une aide pour la douche en prétextant le risque d'accident, glissade ou autre, en lui expliquant aussi le bien-être que ça lui apporterait (diminution des douleurs articulaires par la chaleur, détente des muscles) faisons marcher notre imagination, ce n'est pas de la manipulation c'est de l'aide.

De toutes les façons, je pense qu'il serait indispensable d'en faire part au médecin de famille afin qu'il discute avec elle (peut-être a-t-elle une infection urinaire, d'où l'odeur nauséabonde) et prescrive le passage d'une infirmière à domicile.
Il faut absolument mettre tout en oeuvre pour être aidé et entouré dans ces moments là, car un regard professionnel extèrieur est indispensable.

Tenez-nous au courant.
Bon courage, Irène

Annie LE ROUX

Bonjour Sophie,
La personne que vous accueillez n'a-t-elle pas de relations avec du personnel soignant (type infirmière à domicile) dans le cadre de sa maladie ? N'êtes-vous pas aidée par un service de suivi ?
Je suis éducatrice spécialisée au sein d'un service d'accueil familial, et nous sommes régulièrement confrontés à des difficultés de ce genre ; soit nous intervenons auprès de la personne accueillie afin de la stimuler sur le plan de l'hygiène - notre position extérieure est plus aisée pour intervenir -, soit nous préconisons un passage infirmier avec ordonnance du médecin généraliste. Il est vrai que cela reste un problème très délicat qui demande beaucoup de diplomatie !
Annie LR

jean82

Bonsoir

Juste un mot, au passage, pour souligner l'importance des médecins traitants.
Chez nous, ils ont toujours été d'un grand secours lorsqu'il a fallu passer, envers des accueillis hypersensibles, un message lié à la propreté, l'hygiène corporelle, l'intimité physique.

La "prescription du docteur" incitant à une plus grande hygiène a alors été admise et scrupuleusement suivie et l'AF accepté enfin pour en assurer le suivi...

sophie

merci de vos conseils avisés.
Ma pensionnaire est suivie par le CHU. Je vais prendre contact avec eux afin de leur signaler ce désagrément. Je crois en effet qu'un travail conjoint entre eux et moi est indispensable. Mon accueillie écoute davantage ce qu'ils peuvent lui dire que mes propres tentatives pour l'aider.
à bientôt

cath

Comme on vous le dit plus haut il est difficile d'accepter la dépendance liée a la maladie, je pense que vous aurez un meilleur soutient du médecin libéral qui la suit a votre domicile pour avoir une discussion avec votre personne accueillie. Est ce son docteur personnel qui la suit ou a t elle dû changer ?? D'autre part , vous avez vous aussi le droit de vous faire aider , il existe peut être un service de soin a domicile dans votre commune ou a défaut des IDE qui accepteraient de faire des soins de nursing. La situation sera plus confortable pour vous car vous etes en première ligne affectivement et votre PA  sera en opposition avec vous obligatoirement car vous êtes la + proche au quotidien .          
       En attendant je vous souhaite bon courage et bon moral car vous risquez d'avoir des moments très difficile psychologiquement

Annette 24.

Bonsoir Cath,

Il s'agit d'un sujet datant du 17/12/2005, c'est à dire 15 mois.  Depuis qu'est elle devenue....????
On en revient  au sujet très intéressant de la relation entre le médecin et la famille d'accueil.
Comme le disait Jean pour lui "ils ont toujours été d'un grand secours"chez nous aussi  la relation est au "zénith", mais ce n'est pas le cas partout !
Chez nous aussi aucun service d'aide, de "nursing" ni d'IDE qui accepte de faire les toilettes de nos pensionnaires. C'est à nous de "gérer", d'accepter ou de refuser cet état de fait. De ne pas dépasser nos limites !!!  (c'est très à la mode dans la formation).
Cordialement.
Annette24

p.arnaud

:S:D:(  Vous vous posez tous des questions sur la dignité de la personne "accueuillie", mais que penser de la dignité de celle qui cherche à se faire accepter ??? J'ai l'impression d'être bientôt obligée de faire un C.V pour trouver une famille . Je ne suis rien qu'une agoraphobe et n'ai droit à aucune reconnaissance de la part de tous : les familles d'accueuil !!
La reconnaissance de la Cotorep n'est donc pas suffisante pour vous amadouer ??
Serai-je plus "DIGNE" si je me crève les yeux ? SVP arrêtez d'ergoter sur la dignité des personnes grabataires, quand vous ne prenez pas la peine de répondre à une personne en détresse mais valide !!!  Merci>:D<

sophie86

bonjour p.arnaud

je ne pense pas que ceux qui interviennent sur ce forum, notamment pour répondre aux questions et problèmes de tous ordres , soient tout à fait indifférentes aux messages que pourrait laisser une personne "en détresse mais valide".

Notre boulot d'accueillants est de prendre en charge et d'accompagner soit des adultes en situation de handicap (quel qu'il soit) soit des personnes âgées. Si, dans votre situation personnelle, vous envisagez de vivre au sein d'une famille d'accueil, et si ce projet est réalisable matériellement, je ne vois pas ce qui vous en empêcherait.
...à moins qu'un épisode m'échappe8-) mais éclairez-nous;)