Qu'est-ce qu'un "accueillant familial" :S

Démarré par sophie86, 28 Janvier 2008, 18h32mn

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sophie86

bonsoir,

ce soir, j'aimerais bien poster cette question : "qu'est-ce qu'un accueillant familial ?" :S

A plusieurs reprises, alors que mon métier d'accueillante m'amène à rencontrer des professionnels du monde médical ou des travailleurs sociaux, on m'a fait comprendre, de façon souvent maladroite, qu'un accueillant n'avait pas à se poser trop de questions, ni sur la pathologie liée au handicap de son accueilli, ni sur une problématique d'ordre sexuelle par exemple, et que plus que tout il devait en référer aux "professionnels" (dont, de fait, nous ne devrions pas faire partie ?) en respectant les procédures et les codes en vigueur : passer par le médecin traitant, ne pas poser de questions directes, ne pas participer aux discussions concernant la santé de l'accueilli ou son devenir possible etc.

Personnellement je ne suis pas bête mais je peux être disciplinée, si on m'explique avec force arguments que mon rôle ne doit se cantonner qu'à nourrir et à héberger des personnes en situation de fragilité. Ce que jadis on appelait communément les "familles nourricières". B)-

Or le métier n'a-t'il pas évolué depuis ces dernières années ? :P

N'est-il pas évident que nous sommes amenés à nous occuper, du moins nous préoccuper, des problèmes et besoins de nos accueillis quand ils en ont, au moins pour pouvoir mettre des mots là-dessus et en référer aux "professionnels" ? n'est-il pas évident que nous sommes les mieux placés pour rendre compte d'un mal-être, d'un problème comportemental quand cela se manifeste au sein du foyer ?

La formation obligatoire a pour utilité de nous rendre plus familière l'appréhension d'une pathologie liée au handicap ou au vieillissement. Il a donc été prévu dans les textes que les accueillants familiaux devaient devenir plus professionnels. A ce titre, je pense que notre place dans ce réseau de "partenaires" concernés par le "placement" ou la prise en charge de la personne est désespérément floue. Au mieux, selon les personnalités, nous avons droit à la confiance et à la considération, notamment pour la charge que peut représenter tel ou tel handicap.
Au pire, nous restons derrière des portes, cantonnés au rôle de l'hébergeant-nourricier dont le rôle est de mener l'accueilli à ses rendez-vous, de répondre aux questions que le professionnel nous pose, puis de repartir, tête vide, travail accompli, au foyer.

Ce n'est pas ma conception du métier. (:D
Personne ne peut outrepasser ses compétences. Mais toutes les compétences ajoutées devraient servir l'accueilli. Pour cela, il faut que les "professionnels" acceptent de collaborer, nous reconnaissant une juste place.
L'appel est lancé, le refrain resservi quand c'est nécessaire, mais les consciences sont lentes à se mouvoir. :X
Hélas.

martine24

Bonjour Sophie
Il est certain que ce probleme doit se passer souvent ds les F.A.
Pour ma part,c'est ce que je regrette:tres peu d'explications sur la santé de l'accueilli ou alors dissimulées.
Il est important par exemple de savoir si la personne est diabetique (repas different) , sans sel etc ,les consequences.
Pour l'instant je debute ;je suis à ma 2 ieme accueillie et des soucis de santé! Je n'ai rien eu comme dossier, informations sur l'etat de santé ou érronées de la personne et cela m'irrite un peu. J'ai meme telephone au medecin traitant de l'accueillie pour qu'il me donne l'adresse d'un confrere ds ma ville connaissant la maladie specifique de cette personne, reponse negative ;"c'est à vous de voir!"
J'aimerai avoir un petit compte rendu de santé de l'accueilli à son arrivée sans pour cela rentrer ds les details.
Il est certain ,pour ma part ,que ns devons marcher main ds la main avec les intervenants ,sinon,je pense que le bien etre de l'accueilli ne sera pas à son maximum!
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire
Bonne journée Sophie

sophie86

bonsoir Martine24

le secret médical est souvent brandi ! B)-
sous couvert du secret médical, on peut passer sous silence une pathologie relativement grave et qui nécessite des précautions particulières pour l'accueilli mais aussi, et ça s'est vu, pour ne pas risquer une contamination de l'accueillant et de ceux qui vivent au domicile. Pour ma part, ma première pensionnaire avait l'hépatite C, était dyalisée tous les deux jours et la présence d'une canule pour lui effectuer ses dyalises pouvait à n'importe quel moment se rompre, faisant gicler le sang dans des proportions plus qu'alarmantes si de surcroît mon propre sang avait été en contact avec le sien (coupure, plaie bénigne sur la main etc).
Je n'ai appris cette information que quelques mois après le placement et dans des conditions fortuites !
c'est tout à fait inadmissible.

La question de la collaboration avec nos "partenaires" médico-sociaux me semble donc incontournable si l'on veut travailler décemment. Certains l'ont bien compris mais pas tous !
Par exemple : A quand la conception d'un "dossier d'entrée en famille d'accueil" ? dossier qui contiendrait un "volet santé", volet "situation précédente", volet "famille", volet "projets" et d'autres. Cela aurait au moins le mérite d'obliger chacun dans son domaine à se positionner par rapport à l'accueilli. ça ne serait pas exhaustif et ne rendrait pas compte de la globalité de la personne mais au moins, on partirait de quelque chose.
D'aucuns prétendent, même parmi les accueillants familiaux, qu'il ne faut rien savoir, pour se faire sa propre idée en cours de route. C'est ce que j'appelle travailler à l'aveuglette :S, et en plus cela leur prendra plus de temps pour découvrir par eux-mêmes les problématiques posées par l'accueilli, et encore plus pour mettre en place les actions adéquates.

Ce dossier d'entrée serait un début. Mais cela supposerait que tout le monde (tuteur, médecin, conseil général, hôpital) en saisisse l'évidente utilité !
si quelques uns nous font l'honneur de parcourir ce forum, qu'ils entendent nos prières (:P)

MF57

Bonsoir,

"Ce dossier d'entrée serait un début. Mais cela supposerait que tout le monde (tuteur, médecin, conseil général, hôpital) en saisisse l'évidente utilité ! "
certes, mais encore faut il que ceux ci soient...au courant.
Nous avons vu, pour notre part, des accueillis présentés par l'AS, qui ne connaissait rien ou presque du passé, de l'état de santé, psychique de la personne qu'il nous présentait...sauf à ce que l'"on"avait bien voulu lui dire : issus d'un CHS éloigné, d'une famille désintéressée ou placés en urgence.
Quant au dossier médical, pour l'un d'eux, il se résumait à une seule feuille A4, recto seulement (sans parler des entêtes, paraphes et signature du service..), réclamé par notre médecin traitant à sa grande déconvenue..quant au médecin "référent" avant le placement, qui pourtant, avait assuré qu'il serait disponible, ensuite : il est aux abonnés absents (plus de son ressort). Ensuite : chacun découvrait l'étendue de la tâche...

Le dossier familial d'accueil, à l'entrée, c' est nous mêmes qui l'avons élaboré, (initiative jugée intéressante et imprimé emmené) mais incapacité à le remplir. Quant aux infirmières qui sont déléguées pour le suivi, c'est nous encore, qui leur apprenons quel traitement ils prennent, quelle est leur pathologie, ce qui serait "bien" pour le nouvel arrivé et, à force d'insistances (très lourdes) nous décrochons au bout de 6 à 9 mois un suivi et une (pas plus) activité psychomotrice ou psychothérapeutique (variable).

Effectivement, le secret médical, la vie privée sont évoqués.
Pour être objective, je dirais que nous réussissons à être entendus et épaulés...au prix de grands efforts et selon les possibilités qui sont insuffisantes, on le sait bien.

Non, rien n'est simple mais aucun intérêt, c'est vrai, s'il s'agit d'être uniquement famille nourricière B)
Le processus de mémorisation est long à se mettre en place:D il faut donc user et abuser du même refrain pour pouvoir être entendu:)-D

cordialement
Marie

martine24

Bonsoir Sophie
Tu as tout compris !
Mais avant cette avancée !!!!!!!!!!!!! espérons ne pas avoir de probleme de toutes sortes !!!!!!!!!!!!
Un petit dossier, qqes lignes "vraies", cela serait le "pied"
Amicalement à toi !

Bonsoir Marie,
Bien parlé !
Cordialement
Martine24

Cat

Bonjour,

je confirme tout ce que je viens de lire !
Je suis débutante dans ce métiers, et déjà j'ai découvert cet aspect avec mon premier accueilli.
Je ne comprenais pas du tout certains comportements, j'avais la sensation que quelque chose m'échappais, et j'étais à deux doigts de baisser les bras. J'ai fait part de mes craintes et difficultés aux personnes qui m'ont confié mon accueilli. Bien m'en a pris puisque suite à cela, elles m'ont donné quelques infos sur sa pathologie et j'ai ainsi pû comprendre pourquoi certaines attitudes ou réactions, et j'ai enfin sû comment m'y prendre ! Ca n'a pas enlevé toutes les difficultés, mais ça les a amoindri puisque maintenant je sais mieux comment y faire face. Du coup, la vie est plus facile pour tout le monde !
Bon courage à tous,
Cat.

jacques S

bonsoir

je voudrais profiter de ce forum pour dire que J'EN AI MARRE DE NE PAS ETRE RECONNU COMME PROFESSIONNEL!!! :X
Pas reconnu par le corps médical s'entend.

Je m'applique à donner des informations importantes aux psys et médecin afin qu'ils aient le maximum d'éléments pour cerner les difficultés de l'accueilli; je pense bêtement que ma démarche suscite chez eux un minimum de considération quant à mon professionnalisme, mais je me heurte à leur froide indifférence quand ce n'est pas un dédain total pour mon rôle d'accueillant. Ils se concertent entre eux, informent le conseil général ou l'assistante sociale de ce qu'ils font avec l'accueilli... et l'accueillant, dernière roue de la charrette, n'est même pas mis au courant.
Je ne suis pas le seul dans ce cas pour en avoir discuté avec d'autres AF.
J'EN AI RAS LE BOL QU'ON NOUS TRAITE COMME DES MOINS QUE RIEN!

EST-CE L'ABSENCE DE FORMATION? L'ABSENCE DE STATUT? OU SIMPLEMENT UNE MECONNAISSANCE DE NOTRE ROLE?

Ces gens-là sont des intouchables que l'on ne peut atteindre.
Mais dans la prise en charge d'un adulte, nous sommes pourtant une pièce maitresse du rouage quand on voit les enjeux affectifs qui sont mobilisés dans cette relation accueillant-accueilli.
Qu'ils n'aient pas encore compris ça est exaspérant!

c'est à vous dégoûter du métier (td)

MF57

"elles m'ont donné quelques infos sur sa pathologie et j'ai ainsi pû comprendre pourquoi certaines attitudes ou réactions, et j'ai enfin sû comment m'y prendre"
le plus simple aurait été peut être que vous soyez informée DÈS LE DEPART de sa pathologie:X

Dernière roue de la charrette ? oui, souvent.
"L'expérience" nous a appris à faire autrement. Aucune information ou très peu, sur l'accueilli lorsqu'il nous est présenté. On découvre peu à peu.
Bien des écueils seraient pourtant évités, préjudiciables à chacun.

Nous ? désormais nous prenons les devants, nous interpellons, nous relançons...limite du harcèlement auprès de chaque acteur qui officie autour de l' accueilli. À force : c'est payant. "On" finit par nous entendre et nous écouter, même sur les traitements qui changent sans arrêt et dont nous constatons les effets sur le comportement.

Pour répondre à Jacques S, nous avons eu ce cas, des décisions aberrantes que l'on apprend en dernier, qui perturbait le fonctionnement de la maison et des autres accueillis : c'était à nous de s' adapter, nous avons provoqué une réunion, AS du CG, AS du CHS, infirmière psy, tutrice à notre domicile et dit clairement que si nous n'étions pas plus impliqués ou pour le moins consultés, nous arrêtions le contrat. Rencontre avec le psy. Depuis nous n'avons jamais eu autant d'appels pour nous tenir au courant:D et nous "demander" notre avis. À voir si celà tient dans le temps:S

À nous de faire bouger les choses peut-être et de bousculer la routine établie en fonction aussi, de nos souhaits sur la façon de faire ce métier, calmement et sereinement (:P)

Marie

Sema

Bonjour,

Pour le thème du secret médical où beaucoup de professionnels, encore aujourd'hui, sont dans la confusion la plus totale.
Il m'a paru intéressant de vous communiquer cette information qui concerne les Accueillants Familiaux, me semble-t-il.
Le code de la Santé Publique a modifié,  en janvier 2016, l'article L 1110-4. Je vous propose d'aller le consulter sur le site Légifrance.
Cet article explique bien le partage des informations nécessaires dans l'intérêt de la personne concernée en rapport au secret médical.
Bonne lecture
A bientôt
Sema

laurence02

Bonsoir,
Très bien, mais il faut encore que nous soyons considérés comme des professionnels aux yeux des responsables de réseau, des hôpitaux et autre......
Pour nous c'est simple, nous sommes pas accueillant familial mais foyer pour épileptique ... Ils ont du mal à intégrer l'information que l'accueillant familial est un professionnel au même titre qu'eux.
Cordialement
Laurence

patoche86

Bonjour à tous,

L'article II de notre contrat stipule que, l'accueillant familial s'engage à respecter les opinions de la personne accueillie, ses convictions politiques, religieuses, morales.
Ca tombe sous le coup du bon sens, me direz-vous......

La personne accueillie doit, de son côté, faire preuve de réserve et de discrétion, adopter un comportement courtois vis à vis de la famille accueillante.

Un exercice de funambule, pas toujours simple, car d'emblée mal équilibré.
Les obligations sont plus floues pour la personne accueillie.

Ainsi, il n'est pas rare qu'une de mes accueillies, au demeurant fort agréable à vivre, charmante et cultivée, charge à mort les homosexuels.....bien sûr nous prenons le contrepied de ces attaques, expliquant sans relâche qu'après tout, les gens font ce qu'ils veulent. Cela reste difficile à supporter.
De la même manière, lorsque des gens de couleur se joignent à notre communauté, les remarques racistes fusent, et ça part dans tous les sens.

Je sais bien qu'on ne peut pas changer les gens, qu'il n'est pas envisageable de circonscrire les discussions autour d'un consensus neutre.

Mais cela démontre, à mes yeux et une fois de plus, toute la difficulté de vivre au quotidien tous ensemble, sans crispation et dans la bonne humeur.

Subir et se taire, c'est aussi ça, le métier d'accueillant familial.

Bonne journée
Patoche